Cette histoire des bibliothèques françaises propose un panorama synthétique de l'Antiquité au XVIIIème et un développement plus précis sur les XIX et XX siècles.
Le support est disponible en bas de page ainsi qu'une chronologie et une bibliographie.
Un peu d’étymologie pour commencer :
Biblos (grec) = livre
Thêkê = coffre, case
espace pour ranger des livres
en latin bibliotheca « salle où sont enfermés des livres »
La bibliothèque est un lieu quasiment sacré qui a pour mission première de sauvegarder la mémoire des ancêtres.
C’est dans cette perspective que fut construite la célèbre la bibliothèque d’Alexandrie - elle regroupait 700 000 rouleaux 3ème siècle avant JC. Callimaque est son bibliothécaire.
Les grecs puis les romains disposent de bibliothèques qui sont parfois ouvertes au public. Les fouilles à Rome ont permis d'identifier des salles de lecture où les rouleaux de papyrus étaient
disposés dans des niches murales.
A la fin de l'antiquité, le parchemin remplace le papyrus, on passe du rouleau au cahier, plus facile à manier, plus souple, moins fragile.
Le parchemin est issu de peaux animales.
Au 3ème siècle, le codex est en usage (parchemin plié en livre).
La fin du papyrus correspond au déclin des bibliothèques de l'antiquité.
La bibliothèque du Moyen-âge est religieuse.
Les monastères réunissent des ateliers où des moines recopient des textes religieux.
La lecture se fait à voix haute et elle sert à la méditation religieuse.
Le livre médiéval copié à la main sur parchemin demande plusieurs centaines d’heures de travail.
Lire, copier, gloser sont les maîtres mots de la culture carolingienne. Le livre est bien écrit, bien illustré, bien conservé – il est rare et précieux.
Les conditions d’accès à l’écrit se modifie à la fin du Moyen-âge : de nouveaux besoins de connaissance s’expriment. .
On assiste à une extension des usages de l’écrit dans des domaines comme le droit, l’art, la médecine, le commerce, la chancellerie, les finances.
Les modes d'accès au savoir s'élargissent et nécessitent une production de livres plus diversifiée.
Le collège de Robert de Sorbon constitue une riche bibliothèque. Ce collège est formé d'un maître et de quelques élèves qui suivent ses enseignements.
Pour pallier au manque de livres, se développe le système de la pecia : l’ouvrage est découpé en pièces multiples qui peuvent être loués, prêtés et copiés plus facilement.
Des bibliothèques ouvrent dans toute l'Europe. Les ouvrages sont souvent enchaînés sur des tables de consultation.
La lecture silencieuse et de travail devient la norme.
Tous les rois de France ont possédé des collections de monnaies, d’estampes et de livres.
En 1368 au Louvre par Charles V (1364-1380)) constitue une bibliothèque permanente, dont la trace est attestée.
Louis XI en 1461 en assure continuité, la collection transmise à son fils Charles VIII.
L'artiste chargé de l'enluminure était nommé pictor au Moyen Âge, pour le distinguer du scriptor ou scribe c'est-à-dire "celui qui écrit".
Créez des mots enluminés avec le logiciel "pictor".
La Renaissance est une période d'effervescence des idées et donc de leur diffusion.
C'est un moment décisif de l’histoire du livre avec en 1440 l'invention de l’imprimerie.
Cette nouvelle technique se développe rapidement car elle permet d'augmenter les productions. Ainsi, Si la Bible de Gutenberg en 1452 est imprimée à 100 exemplaires, la traduction du
Nouveau testament par Luther est tirée en 1522 à 5000 exemplaires. Les publications sont surveillées. François 1er instaure en 1537 le Dépôt légal afin de contrôler les livres imprimés.
Pour en savoir plus : écouter ce Podcast (21 minutes) " sur " Le pouvoir de l’Imprimé". Marie Barral-Baron évoque la révolution de l’imprimerie et aborde ces sujets : En quoi l’apparition de l’imprimerie en Europe au milieu du XVe siècle bouleverse-t-elle le monde des lettres ? Quels ont été les premiers grands centres de l’imprimerie et les premiers grands imprimeurs ? Quels sont les publics visés et les matières de prédilection de cette production imprimée ? Quels furent les premiers grands phénomènes médiatiques du XVIe engendrés par l’imprimé ? Comment est contrôlée cette nouvelle forme de production imprimée ?
Au XVIeme, la bibliothèque royale s’installe à Paris. Colbert déménage les collections en 1666 rue de Vivienne (Paris 2ème arrondissement) Elle est ouverte au public en 1692.
L’abbé Bignon, bibliothécaire du roi (1719), construit la rédaction de catalogue et il répartit les documents en 5 départements manuscrits, livres imprimés, titres et généalogie, estampes, médailles.
Tous les nobles possèdent des bibliothèques. Mazarin dispose d'une collection de 40 000 volumes – Gabriel Naudé gère cette bibliothèque et il il crée un système de classement avec ces thèmes : théologie, jurisprudentiel, sciences, arts, belles lettres, histoire).
Il écrit un manuel de bibliothéconomie « Advis pour dresser une bibliothèque ».
Le siècle des Lumières avec l’essor intellectuel qui le caractérise favorise l’édition et la communication des idées.
Les feuilles, pamphlets se multiplient. L’accès au livre n’est pas réservé qu’aux privilégiés, les imprimeurs créent des collections bon marché comme la bibliothèque bleue à Troyes.
Des cabinets de lecture émergent, forme de première bibliothèque publique, une cinquantaine ont été identifiées en France vers 1750.
Les belles lettres, l’histoire, la science détrônent la théologie et le droit.
La Révolution de 1789 bouleverse le paysage des bibliothèques en dégagent un patrimoine national par les confiscations du clergé, des immigrés, des universités, académies, ... Soit plus de 6
millions de documents confisqués.
Les assemblées révolutionnaires avaient des projets quant à l’usage des livres confisqués comme la création d’un réseau national de lecture à plusieurs niveaux (canton, district, commune).
Ces confiscations sont finalement réparties sur la France. Elles agrandissent les fonds de bibliothèques comme de La nationale, Sainte Geneviève, ou de nouvelles écoles comme Polytechnique ou le CNAM. Ces collections se répartissent aussi dans des villes de Province.
Le XIX ème est le siècle des révolutions politiques, industrielles, économiques et scientifiques. L’amélioration de l’instruction, l’urbanisation, l’industrialisation sont des facteurs qui accroissent l’intérêt des français pour les savoirs du monde.
Les outils de communication (le livre, la presse )s'améliorent. Tous les circuits de développement des connaissances profitent de cet essor (école, université, bibliothèques, associations, sociétés savantes, ...)
En 1858, Prosper Mérimée dans un rapport sur l’organisation de la Bibliothèque impériale propose un agrandissement des locaux indispensables depuis l'extension des collections issues des
confiscations révolutionnaires. L'architecte Henri Labrouste améliore les bâtiments et construit la salle de lecture des Imprimés (1868).
Le catalogage des fonds est orchestré par Léopold Delisle, administrateur général en 1874. Il lance la réalisation du Catalogue général des livres imprimés dont le premier volume est publié en
1897 et le dernier (pour les ouvrages entrés avant 1960)… en 1981.
En savoir plus histoire de la BNF
Il existait environ 40 BM à la fin de l’Ancien Régime, créées souvent par des legs comme celui du marquis de Méjanes à Aix en Provence. On en dénombre plus de 200 au début du XIXème. Le décret impérial du 8 pluviôse an XI (28 janvier 1803) met "à la disposition et sous la surveillance des municipalités" les confiscations révolutionnaires . Elles sont chargées de la conservation de ces fonds confisqués et consacrent leurs faibles moyens à l'inventaire de ces collections. Elles ne sont ouvertes que pour les érudits.
Les facultés sont regroupées dans des l’université avec leurs bibliothèques quand elles existent.
Sous la Troisième République, une série de textes organisent les structures des bibliothèques universitaires. En 1873, le paiement d'un droit payé par les étudiants officialise l'existence de ce service. La circulaire du 20 novembre 1886 balise le fonctionnement en instituant une commission pour les acquisitions, une ouverture de 6 heures par jour pour la consultation et le prêt.
« On peut tout faire pour l’école, pour le lycée ou l’université si après il n’y a pas de bibliothèque, on n’aura rien fait » Jules Ferry
Les bibliothèques populaires émergent au milieu du XVIIIème siècle, lorsque la bourgeoisie et l'aristocratie avertie s’interrogent sur l'éducation du peuple. Elles portent des convictions très variées, philanthropiques, religieuses, laïques ou politiques. Les premières sont catholiques, par ex l’œuvre des bons livres. Manufacturiers, associations, syndicats multiplient les créations de bibliothèques comme la ligue de l’enseignement créée par Jean Macé (1866) ou la société Franklin (1862).
Une vidéo (13 minutes) sur la création d'une bibliothèque populaire à la fin du 19eme siècle.
L'histoire d'Arès (Gironde) est tout à fait représentative : elle rassemble les éléments classiques à l'ouverture de ces établissements : des philanthropes, une collection ambitieuse et un contrôle administratif.
et aussi un blog sur les : Bibliothèques populaires
L’École nationale des Chartes est créée en 1821 pour former des professionnels capables d’analyser les collections issues des confiscations révolutionnaires.
Mais la majorité des bibliothécaires ne disposent pas de formation spécifique, ils sont lettrés et érudits.
La normalisation du recrutement s’organise avec la mise en place d’examens professionnels comme le Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaires à partir de 1879. En 1923, à l’initiative du Comité américain pour les régions dévastées, ouvre une École des bibliothécaires. Gabriel Henriot crée plusieurs centres dont l’École de bibliothécaires de l’Institut catholique de Paris. Au sein de l’ABF, Myriem Foncin met en place en 1938 une formation élémentaire. L’organisation de la formation se structure après 1945 avec plusieurs diplômes comme le CAFB et le diplôme supérieur de bibliothécaire.
Les bibliothèques françaises au début du XXème siècle sont un peu oubliées. Elles fonctionnent surtout pour un public très restreint d'érudits. Il n'existe pas de service de lecture pour tous.
La création de l’ABF en 1906 cherche à rassembler des professionnels dans une nouvelle dynamique.
Eugène Morel dans plusieurs ouvrages dénonce cette situation et souhaite une loi sur les bibliothèques, une école, un corps unique de professionnels, des réseaux dans les départements, la création d’un service ministériel. Il pose les premiers jalons d’un discours de modernisation.
Il fixe ces objectifs aux bibliothèques :
Triple but de la librairie publique : enseigner, renseigner, distraire.
Après la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis apportent une contribution aux bibliothèques par le Comité Américain pour les Régions Dévastées (CARD). Ils promeuvent un nouveau modèle de
service : gratuit, en accès libre, professionnel, desserte dans les zones rurales, prise en compte des enfants.
La Première bibliothèque en France consacrée aux enfants L’heure joyeuse est créée à l’initiative du Book Committee on Children's Librairies, elle ouvre en 1924 à Paris.
Plusieurs villes dans l'est de la France sont aidées pour organiser des bibliothèques circulantes.
"Les bibliothèques publiques en France au lendemain de la Première Guerre mondiale",
article de Claire Bouchard
L’entre-deux guerre fourmille de débats, articles, conférences où les professionnels discutent. Si les débats sont riches, les réalisations sont rares. Bien sur, l’aide américaine dans
l’après-guerre a permis quelques expérimentations. Au fil des années, les discours des « modernistes » convainquent les politiques et les professionnels.
Léo Crozet conseille ainsi dans Le Manuel pratique du bibliothécaire en 1937 : « C'est en faisant croître
l'indice d'utilisation de la bibliothèque, que l'on justifiera les crédits obtenus et que l'on en obtiendra de nouveaux.»
En 1939, une circulaire invite à la mise à l’abri des collections.
Une censure s'opère sur les productions éditoriales et les collections. La liste Otto (nom de l'ambassadeur d'Allemagne à Paris Otto Abetz) recense les « Ouvrages interdits par les autorités allemandes ». La Guerre reste une période de lecture intense.
Martine Poulain dans son livre Livres pillés, lectures surveillées (Gallimard) montre une augmentation de la fréquentation des bibliothèques.
Yvonne Oddon, Lewitski et Vildé fondent le réseau de Résistance du musée de l’homme.
Albert Halli : maquille les livres pour les subtiliser aux allemands. Tué en Janvier 1945.
Jean Bleton : intègre le réseau Défense de la France.. Arrêté, puis sauvé par Bernard Faÿ.
Migliorni : membre du réseau Défense de la France, assassine deux allemands de sang froid.
Marcel Bouteron : collecte des tracts et des journaux interdits.
Jean Laran : garde la BN, du 11 au 24 juin 1940, jour et nuit avec une quinzaine de personnes, attendant les Allemands
Triste constat : 60 bibliothèques sinistrées dont 29 totalement détruites
L’après guerre est marquée par une volonté de démocratisation et de modernisation.
La bibliothèque de Douai est détruite en 1944, dès cette date, le maire reçoit une lettre ministérielle qui pose les principes du futur établissement : « Une bibliothèque moderne ne doit pas être
un sanctuaire réservé à l'élite, mais s'adresser à tous […] La future bibliothèque qui réunira dans le même local, les deux services de lecture savante et de lecture populaire ».
Il y a une forte attente de l’administration centrale, les communes n’ont pas les moyens mais elles demeurent décisionnaires.
Par décret du 18 août 1945, la Direction des bibliothèques de France et de la lecture publique est créée, répondant en cela à une revendication constante des associations professionnelles entre 1928 et 1941 qui réclamaient la constitution d’un organisme de coordination des bibliothèques au niveau ministériel.
Marcel Bouteron, son premier directeur, a dans ses attributions toutes les questions concernant l’organisation et le fonctionnement des bibliothèques françaises (bibliothèques nationales, universitaires, municipales classées et les bibliothèques des grands établissements scientifiques.
Ce Service technique accompagne pour à l’étude de tous les problèmes liés au classement, à l’établissement de catalogues, à la conservation et la communication des documents, à l’élaboration et la diffusion des règlements, à la formation du personnel technique et scientifique.
Création des BCP par l'ordonnance du 2 novembre 1945, une bibliothèque centrale par département dessert les petites communes avec des bibliobus qui effectuent des dépôts de livres dans les communes de moins de 15 000 habitants.
En 1946, 17 BCP fonctionnent.
En 1992, le territoire national est couvert, leur responsabilité revient au Conseil départemental et elles deviennent BDP.
70 bibliothèques universitaires rénovées ou construites
1951 Diplôme CAFB
1952 Statut des bibliothécaires
1956 Une revue : Bulletin des bibliothèques de France
1963 École supérieure des bibliothécaires
1963 Création de la bibliothèque pour enfants la Joie par les livres à Clamart (92)
La DBLP accompagne toutes les étapes des constructions. Jean Bleton est un bibliothécaire/architecte qui suit la réalisation de plus de 200 bibliothèques.
Les espaces s'organisent avec ces trois éléments : les services intérieurs, les services publics divisés en différentes salles et les magasins.
Dans les services intérieurs, il existe une salle pour réceptionner les ouvrages, d’une salle d’équipement et d’un endroit destiné à cataloguer les livres.
Les magasins peuvent se placer dans une tour de stockage qui réduit le coût d’acquisition des terrains et constitue un repère dans le paysage urbain.bibliothèque Lyon-Part-Dieu ou la BU de Paris
Nanterre sont construites sur ce modèle.
La Place Annie Ernaux : Un dimanche après la messe, j’avais 12 ans avec mon père j’ai monté le grand escalier de la mairie. On a cherché la porte de la bibliothèque municipale. Jamais
nous n’y étions allés. C’était silencieux, encore plus qu’à l’église. Le parquet craquait. Deux hommes nous regardaient venir depuis un comptoir très haut barrant l’accès aux rayons. Mon
père m’a laissé demandé : « on voudrait emprunter des livres » L’un des hommes répondit « quel livre ? » A la maison, on n’avait pas pensé qu’il fallait savoir d’avance ce qu’on voulait,
être capable de citer des titres aussi facilement que des marques de biscuits. "
Comme l'écrit Anne-Marie Bertrand "L’évolution des BM est si lente qu’elle est pour ainsi dire immobile jusqu’en 1960"
4% des français sont inscrits en BM en 1960. Pour comparer, 45% des britanniques sont adhérents d'une bibliothèque.
Dans les années 6O, apogée des trente glorieuses, les conditions sociales et économiques sont plus favorables, la civilisation des loisirs s’annonce. La culture va progressivement devenir un enjeu symbolique et économique de premier plan. Différents facteurs accélèrent les mutations culturelles : l'urbanisation, l'allongement de la scolarité, l’élévation générale du niveau de formation, augmentation des temps de loisirs qui augmentent, le développement de l’industrie culturelle et du tourisme.
Si la DBLP a modernisé les bibliothèques dépendant de l'État, il reste fort à faire dans les communes. Georges Pompidou crée un comité interministériel chargé d’un rapport sur l’état et les moyens à mettre en œuvre pour moderniser le réseau des BM. A la lecture de ce rapport, il aurait dit « TOUT EST A FAIRE ».
Quelques mesures sont prises comme la mise en place d'un taux de subvention à 50 % pour le constructions de nouvelles BM. Une section publique est créé au sein de la DBL
" Depuis 1968, de nouveaux modes d'action sont mis en place avec des constructions de conception moderne qui favorisent l'accueil des enfants et des adultes ;
de plus en plus nombreux, de jeunes bibliothécaires, attirés par l'aspect éducatif et social du métier, apportent un concours ardent et efficace.
La bibliothèque élargit sa mission à l'éducation permanente et à l'animation culturelle." Alice Garrigoux en 1972
200 BM ouvrent entre 1969 et 1972.
De nouvelles normes de programmation préconisent trois fois plus de surfaces destinées au service public. Les magasins ne sont plus le cœur des bibliothèques. Ces normes, simplement indicatives,
légitiment les nouvelles pratiques (l’heure du conte) ou les nouveaux espace (discothèque). Le nombre de constructions dans les années 70 est près de sept fois supérieur à celui des années 60.
Cette croissance est en grande partie due à l’augmentation du taux de subvention. Les architectures originales apparaissent avec façade de brique et de verre à Maison Alfort, Pantin, ou à
Metz ou à Mulhouse.
Le nom de médiathèque, donné pour la première fois à la bibliothèque municipale de Cambrai.
Les nouveaux bâtiments marquent les territoires, posent l’identité d’un lieu et donnent aux institutions une image moderne et valorisante.
Julien Cain, directeur des bibliothèques de France et de la lecture publique, lance le projet d'une bibliothèque dans le nouveau centre du plateau Beaubourg. Il confie le projet à Jean-Pierre Seguin, alors conservateur Bibliothèque nationale. La construction du Centre Georges Pompidou commence en 1972, et dès 1970, l’équipe de la future bibliothèque s’active pour préparer la première bibliothèque multimédia en accès totalement libre en France.
Le centre Pompidou ouvre en 1977. Le Centre (musée d'art) et la bibliothèque rencontrent un succès public immédiat et important.
L’élection de Mitterrand ouvre une période où l’intervention de l’État en matière culturelle revêt une importance encore jamais vue. La culture est un projet de société et le ministre Jack Lang bénéficie des moyens financiers qui vont lui permettre de mener de nombreux projets.
En 1982 le rapport dit Pingaud Barreau marque le lancement d’un projet ambitieux en matière de lecture publique.
A la Direction du livre au ministère de la Culture, Jean Gattegno, coordonne
Un ensemble de mesures pour accompagner les communes avec des aides à la construction et à l’embauche de personnel qualifié.
Les constructions de bibliothèques s’accélèrent :
En 1974, il y avait 804 BM,
En 2000 on en compte 2000
A partir de 1992, 12 bibliothèques municipales à vocation régionale ouvrent progressivement. Ces grands équipements rééquilibrent le paysage documentaire français.
Les espaces, les publics, les collections se multiplient par trois en 20 ans.
Toutefois, seuls 21 % des français en 1997 sont inscrits dans une bibliothèque municipale
François Mitterrand annonce lors de son discours télévisé du 14 juillet 1988 la création d’une Très Grande Bibliothèque qui devra « couvrir tous les champs du savoir et de la connaissance, être à la disposition de tous , utiliser les technologies les plus modernes de transmission des données ».
La Bibliothèque nationale de France est créée par décret en janvier 1994
En 1996 Ouverture de la Bibliothèque d ’étude
En 1998 Ouverture de la Bibliothèque de recherche
En savoir plus sur l'histoire de la Bnf
Les Bibliothèques municipales à vocation régionale
A partir de 1992, le ministère de la Cutlure propose un Programme de financement pour construire de grandes bibliothèques en région. 12 constructions (6 000 à 25 000m²) sont aidés dans 12
grandes villes (Reims, Marseilles, Rennes, Orléans, Chalons en Champane, Troyes, Nice, ..). Ces pôles régionaux améliorent la structuration d’un réseau documentaire et rééquilibre le
rapport Paris/Régions.
Dans une société où l’information et la qualification sont des enjeux de plus en plus importants, les bibliothèques ont connu un essor quantitatif et qualitatif.
Cette croissance s’explique par la rencontre positive entre une nouvelle demande et une nouvelle offre.
La demande : une population urbanisée, scolarisée qui bénéficie de plus de temps libre qui a des besoins variés et étendus.
L’offre : la médiathèque des espaces modernisés, des collections multi supports en libre-accès, du personnel qualifié, de l’action culturelle.
Dans les années 2000, ce nouveau modèle de médiathèque à la française s'affirme : « il s’agit désormais de penser sous le nom de médiathèque quelque chose qui conjugue
localement la BNF et le futuroscope » Jean-Claude Pompougnac (Esprit)
en savoir plus avec l'article : « L’essoufflement du modèle : symptômes et causes » Catherine Clément [https://books.openedition.org/pressesenssib/751?lang=fr]
Bibliographies
La Bnf propose une bibliographie complète sur l'histoire des bibliothèques
Quelques titres utiles :
Barbier, Frédéric. Histoire des bibliothèques. D'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles. Armand Colin, 2013
Barnett, Graham Keith Histoire des bibliothèques publiques en France de la Révolution à 1939. Paris : Promodis, 1987.
Histoire des bibliothèques françaises : 1. Les bibliothèques médiévales, du VIe siècle à 1530. Paris : Promodis-Cercle de la Librairie, 1989.
Histoire des bibliothèques françaises : 2. Les bibliothèques sous l’Ancien régime, 1530-1789. Paris : Promodis-Cercle de la Librairie, 1988.
Histoire des bibliothèques françaises : 3. Les bibliothèques de la Révolution et du XIXe siècle. Paris : Promodis-Cercle de la Librairie, 1991. Histoire des bibliothèques françaises : 4. Les bibliothèques au XXe siècle, 1914-1990. Paris : Promodis-Cercle de la Librairie, 1992. .
Richter (Noë).La lecture et ses institutions (1919-1989). Editions Plein chant, 1989.